De fines fissures apparaissent sur les murs puis s'élargissent, s'allongent, et finissent par mettre en danger la structure même des bâtiments. Onze millions de maisons en France sont menacées par le retrait-gonflement des argiles (RGA), un phénomène qui s'accroît avec le réchauffement climatique.
La cinquième mesure, sur 51, du troisième Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC-3) présenté vendredi par le Premier ministre Michel Barnier et la ministre de la Transition écologique, de l'énergie et du climat, Agnès Pannier-Runacher, prévoit de "protéger la population des désordres sur les bâtiments liés au retrait-gonflement des argiles".
Connu sous son acronyme de RGA, le phénomène est devenu un "fléau national" avec la multiplication des périodes de sécheresses et des épisodes de pluies extrêmes dues au dérèglement climatique, selon Sébastien Leroy, le maire de Mandelieu-la-Napoule (Alpes Maritimes), qui avait lancé un cri d'alarme en 2023 devant l'Association des maires de France (AMF).
Les sols, lorsqu'ils sont argileux, se rétractent en période sèche et gonflent en période humide, ce qui provoque des fissures, surtout pour les bâtiments sans fondation ou structure appropriée.
Le risque va de la fissure inesthétique jusqu'à l'arrêté de péril.
Le changement climatique, en accentuant les épisodes de sécheresse et de précipitations, intensifie ce phénomène, explique le Cerema, expert public technique pour la gestion de la transition des villes et des territoires.
Près de la moitié des 11 millions de bâtiments concernés ont été bâtis après 1976, selon le ministère de la Transition écologique.
Le RGA est ainsi devenu la deuxième cause d'indemnisation en France derrière les inondations, selon France Assureurs.
Selon les prévisions de la Caisse centrale de réassurance (CCR), les sinistres consécutifs au RGA devraient augmenter de 44% par an d'ici 2050 si les températures moyennes en France s'élèvent de 1,5 degré par rapport à l'époque préindustrielle. Et donc de bien plus s'il faut s'adapter à une augmentation moyenne de 4 degrés.
L'indemnisation des dégâts se fait dans le cadre du régime des "catastrophes naturelles". Pour être éligible, la zone où est construite le bâtiment sinistré doit avoir été reconnue comme affectée d'une "catastrophe naturelle". Mais beaucoup de demandes de reconnaissance de sinistre n'aboutissent pas.
Au total 84% des communes de France ont plus de 50% des maisons exposées en zone argileuse, selon le "référentiel de résilience du bâti aux aléas naturels" publié en septembre dernier.
Le site public Géorisques a répertorié les zones à risques, et publie une carte de France commune par commune, en lien avec le BRGM.
Le plan présenté vendredi prévoit surtout un renforcement de la prévention pour les constructions neuves afin d'atténuer le coût de dommages ultérieurs, une mise à jour régulière de la carte d'exposition en tenant compte des épisodes de sécheresse dès 2025, et une meilleure information des particuliers sur la qualité des maisons.
CRE EXPERTISES
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